Il y a quelque temps, je regardais à la télévision l’interview d’un homme politique diffusée à titre posthume. Il revenait, conduit par un journaliste, sur les évènements qui avaient marqué sa vie publique : ses réformes, ses erreurs, ses amitiés qui avaient porté plus ou moins préjudice à son image.
Au moment où il enregistra cette autobiographie télévisuelle, il était déjà sur le déclin. La mort approchait, et malgré les affaires qui marquèrent la fin de sa vie, il conservait l’orgueil et la fierté de celui qui avait été à la tête de l’Etat.
Le plus touchant furent sans doute les silences. Toute sa vie, il avait imposé une image protocolaire, et ici, cette image commençait à s’écailler. On pouvait entrevoir dans l’espace de ces fissures un homme. Et peut-être bien plus : un homme et ce qui l’avait tourmenté toute sa vie : le pouvoir.
Ce qu’écrit Shakespeare dans Richard II, ce sont ces silences. Il nous donne à voir l’homme non pas sous l’angle du héros, mais sous celui de son humanité. Il brise le masque social propre à la fonction d’état, et extrait ainsi ce paradoxe : la faiblesse de l’homme face à l’imposante grandeur du pouvoir.
Paul Desveaux