Il y a trois ans, en 2004, j’ai découvert une pièce de l’auteur algérien Arezki Mellal. Elle se trouvait dans la pile de tapuscrits que m’avait envoyée Marie-Agnès Sevestre pour le Cercle de Lecture à la Scène Nationale de Douai. J’ai tout de suite été touché par l’intensité de son écriture, et une amie m’a conseillé de lire son roman.
Je suis donc parti en voyage au Portugal avec Maintenant ils peuvent venir dans mes bagages, et une nuit, j’ai plongé dans le livre. Cette lecture ne devait s’interrompre que quand je tournais la dernière page de ce texte bouleversant.
Il y avait là la force du sujet, l’Algérie des années 90. Une écriture à la fois douce et empreinte d’une grande violence. La haine était absente des constatations politiques, laissant libre cours à la réflexion du lecteur.
Je percevais ici l’intelligence d’un auteur qui avait suffisamment de distance avec son sujet pour ne pas imposer de militantisme mal venu. Il m’avait transmis à travers son roman une large vision de l’Algérie, et de la région d’Alger en particulier : une somme d’expériences qui m’ouvrait les yeux sur un monde.
Quand l’auteur disparaît derrière ses écrits, s’efface devant la force de son livre, c’est une preuve indéniable qu’une œuvre se révèle.
J’ai donc décidé de mettre en scène ce texte. J’ai rencontré Arezki Mellal afin de lui expliquer mon souhait, et le processus que je voulais mettre en place pour adapter son livre à la scène. Après avoir levé quelques inquiétudes, traversé quelques silences, nous nous sommes mis d’accord sur le déroulement des opérations.
J’ai marqué d’une pierre blanche le jour où a commencé cette aventure, car rares sont les rencontres qui ouvrent des portes par delà le théâtre.
Arezki Mellal vit et écrit à Alger.
Paul Desveaux